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Musicien du Métro - Le Blog de SuperTonin
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15 janvier 2008

Jour 23 : Sale musicien, sale journée.

chatelet_les_halles  Aujourd'hui c'était un peu la flemme... châtelet ? pas châtelet ?
Le problème, c'est que châtelet, c'est the-place-to-be, l'endroit où les rencontres se font, et c'est principalement ce que je cherche pour faire avancer mon projet. Mais c'est aussi l'endroit où on se fait le plus "déranger" (pour ne pas dire emm...der). Pas une heure ne se passe sans que, au choix :
- un clodo plus ou moins abruti par l'alcool me squatte et/ou m'interpelle pendant 10 bonnes minutes, qui là paraissent une heure...
- des gens shootent dans mon ampli ou mon pied de micro puis continuent leur chemin mine de rien, s'excusant à peine voire pas du tout (bon, faut dire que je suis souvent dans le passage, mais là je me sens vraiment transparent), ne remettant jamais les choses en place !?
- des petits caïds à deux francs viennent me provoquer pour me montrer qu'ici ils sont chez eux, ce qui est de loin la situation la plus stressante.

  Evidement, les rondes de policiers/agents/autres sont régulières, mais bien trop rares pour se sentir vraiment en sécurité, et la présence permanente du monde qui passe autour n'a que l'apparence du rassurant. J'imagine (et j'espère) qu'en cas de gros pépin quelqu'un interviendrait, mais ne sera-t-il pas déjà trop tard ?
  Des embrouilles à châtelet, il y en a donc à chaque fois, ce qui n'a rien d'étonnant pour les parisiens qui connaissent inévitablement cette station. Ici, il vaut mieux passer que s'attarder ; pas de chance pour moi, je reste 2 à 3 heures au même endroit, seul, et encombré de matériel fragile et coûteux. Pour bien faire sentir l'ambiance, en voici une récente arrivée J-20, prés du magasin de fruits et légumes :
Deux "jeunes des banlieues" passent et repassent comme s'ils cherchaient quelqu'un, puis l'un d'eux vient me voir :
"hé m'sieur, j'peux chanter un truc dans ton micro ?" (avec l'accent qui va bien)
- bein heu... en fait heu... non pas là, tu vois ....là je travaille..." (sourire jaune, faussement désolé)
à ce moment précis, c'est l'instinct de survie qui parle. Il faut en une seconde modérer la répartie et adopter la bonne attitude, c'est à dire trouver le moyen de se faire respecter tout en gardant à l'esprit qu'un seul faux-pas peut tout faire basculer. Apparemment, c'était une bonne réponse : il n'insiste pas et conclue simplement d'un ton méprisant "ah wouhais, tu travailles ? ...... faut vend' du shit !!" (était-ce le même que J-19 ?) avant de s'en aller, traînant des pieds avec sa démarche de glandeur, les mains bien enfoncées dans les poches de son survêtement de marque américaine.
  La scène n'aura duré qu'une minute ou deux, mais l'impact psychologique de ce genre d'instant est profond puisqu'aujourd'hui, le fait de me diriger vers châtelet est teinté d'une légère angoisse. C'est bien dommage car je le disais au début, c'est aussi là que se font les bonnes rencontres, humaines bien sûr car le retour du public y est toujours plus important qu'ailleurs, mais aussi musicales et professionnelles car entre autres, je suis en contact avec Jim, un pianiste de jazz rencontré prés du Relais-H, et nous préparons actuellement un duo bossanova afin de se produire dans divers bars et restaurants.

  Bon, j'écris déjà depuis une page et je n'ai même pas commencé à raconter cette journée ! En fait, cette réflexion sur Châtelet fait aussi partie de la journée : c'est en repensant à tout ça et à toutes les autres embrouilles survenues là-bas, que je décide au dernier moment de chercher un peu de sérénité et de retourner dans le long couloir caverneux découvert à St-Lazare J-21.
  Malheureusement au bout d'une demi-heure, un binôme de jeunes contrôleurs vient me signaler que ce couloir appartient à la ligne 14, tout en m'expliquant le principe de cette gestion sectorisée, ligne par ligne : "Vous voyez, là-bas (m'indiquant l'extrémité sombre du couloir), et bien à partir de là, c'est la ligne 9, et là c'est bon, vous avez le droit"
- oui mais là-bas, il fait froid et noir... blablabla... mais pourquoi ... blabla  ... parce que bon y'a que 15m d'écart...
- bah oui, on est désolés... mais c'est la consigne : la ligne 14, c'est la vitrine de la RATP, 'ils' veulent que ça reste propre, et là, ici, c'est encore la 14, donc..."
... et un musicien de rue, c'est bien connu, c'est sale ! :-(

  C'est boulant je commençais juste à être chaud, maintenant il faut remballer et trouver autre chose ! Foutu pour foutu, je décide d'aller tenter ma chance et d'explorer ce que j'ai nommé "le triangle d'or" (même si c'est une droite plutôt qu'un triangle) à savoir, le trio d'échangeurs Franklin-Roosvelt – Champs-Elysées-Clémenceau – Concorde. Bien évidemment, tout est booké, toujours les mêmes, à la même heure, à la même place, jouant quasiment les mêmes morceaux. Le système est toujours aussi bien rodé (à droite en vidéo, l'accordéoniste qui fait la fin de journée à Franklin-Roosvelt), ici le métro est apparemment devenu un metier aux horaires et aux revenus quasi-stables. Je pousse donc un peu plus loin, sur la même ligne (1), et je m'installe une heure à Palais-Royal, "l'endroit de mes débuts", pour y encaisser une quinzaine d'euros (pas si mal en 1h !). Mais ici, le bruit incessant des rames dérange, puis énerve, fatigue les oreilles et gâche la musique. A cela s'ajoute un petit vent frais qui glace les doigts... c'est en trop, je range !
  Dépité, je termine mon errance à Châtelet vers 18h30 pensant y trouver une place pour une dernière heure, mais là encore, tous les bons plans sont occupés : les amis sax' (dont Roger) se partagent des solos endiablés à trois au Relais-H, Vanupié le rasta-blanc fait un carton au magasin de légumes devant un public de 20 personnes (la vidéo n'est pas de moi, mais l'endroit est bien le même !), et pour finir, la petite vielle semi-aveugle que je voyais depuis des années à Opéra alterner désespérément ses deux seules chansons d'Edith Piaf à capela (Milord & La vie en rose) en roulant exagérément les "rrrr", m'a piqué le coin prés des quais de la ligne 1, là où j'avais "bien ramassé" J-22. Il ne me reste plus que l'emplacement minuscule à l'autre bout des tapis roulants (là-où-les-gens-te-marchent-dessus), sachant que ceux qui vont débouler devant moi ont encore la musique énergique de Vanupié dans les oreilles... hum, laisse tomber, vraiment pas motivé aujourd'hui, je rentre à la maison ruminer sur cette mauvaise journée.

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Commentaires
C
... ce qui me permet de faire un arrêt sur la station Chatelet - Les Halles, héroïne d'un film cultissime : Subway !
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