Jour 26 : Travailler dur pour des clopinettes

  Retour sur "Charles de Gaulle – Étoile", aujourd'hui il fait un peu plus chaud que vendredi (J-25) et je préfère commencer la semaine dans une ambiance reposante, c'est à dire sans clodos, sans zonards, et sans dealers. Le fait de retourner dans un endroit connu permet aussi de retrouver quelques repères et de ne pas ressentir l'angoisse inévitable du lieu nouveau : que vais-je trouver sur place ? chaud, froid, espace de jeu, passage, acoustique, faune locale, etc... bref, beaucoup de stress, surtout pour moi qui vient du monde douillet de la fonction publique avec son cadre pérenne et ses repères immuables.
  La vidéo de droite présente l'emplacement que j'ai occupé vendredi, tout proche d'une très chic boutique de cravates, précisément là où on peut voir mon caddie de transport (merci encore à classicval) et mon étui à guitare. Au début du film, on devine aussi une librairie "Relais" de l'autre coté des escalators ; c'est prés de celle-ci que je me suis installé cette fois, choisissant stratégiquement les voyageurs qui sortent du RER plutôt que ceux qui y vont.
  Petit vent frais...brrr... tant pis, je résiste, mais 3/4 d'heure plus tard, c'est un chef d'équipe de contrôleurs qui vient me sauver du gel : "vous ne pouvez pas rester monsieur, on va travailler ici, on a besoin de pouvoir communiquer avec les gens". Mon regard suit son index pointé... en effet, 15m plus loin, au niveau des portillons, j'aperçois le filet d'agents qui filtre déjà les premiers contrevenants. Il est sincèrement désolé et très respectueux (comme le sont à chaque fois tous les contrôleurs qui me demandent de partir) mais c'est toujours un peu humiliant se faire virer sans condition, de sentir que l'on gêne, alors qu'on rêve de l'admiration d'un public conquis et de fans hystériques ! Pour ça c'est clair, il va falloir attendre un peu ... et surtout changer de lieu de travail !

  Je fais le tour de la station et découvre finalement un spot libre, un endroit situé quasiment sur le quai de la ligne 6 (donc théoriquement interdit), mais où j'avais souvent vu des musiciens en activité. Le "quasiment" doit donc faire la différence : les contrôleurs que j'y ai croisé ne m'ont même pas regardé ! Je me retrouve ainsi à chanter au beau milieu des voyageurs attendant leur train, qui jouent l'indifférence mais ne manquent pas jeter vers moi un regard curieux dés que j'ai les yeux tournés... ;-)
  Sur le papier, le plan parait bon : beaucoup de monde et, fait exceptionnel, un temps imposé pour m'écouter. Mais le froid est toujours de la partie et la motivation n'y est pas, car en plus, c'est l'heure de pointe : un train toutes les 4 minutes avec son arrivée grinçante et son départ tonitruant. Je sors de là après 1h15, les oreilles cassées et les mains gelées. Comme souvent, le résultat est à la mesure du plaisir éprouvé : 10€ pour les 2 heures en tout... 5€/h ça fait carrément pitié, j'aurais fait le même score en tendant la main !

Comments

[SuperTonin]

oui mais pas par un producteur, parce que j'ai rien à lui donner !! j'aurai cet espoir le jour où je serai auteur-compositeur-interpréte, mais pour l'instant, j'essaie simplement de faire de la musique un metier pour me nourrir au quotidien, tout en faisant ce qui me plait le plus : jouer.
C'est déjà un défi énorme !!

[coachola]

C'est une bonne remarque ça MOB !

Supertonin : Tu veux pas passer une accréditation pour jouer dans les limousiines plutôt ?

[MOB]

Hé Antoine,

Ne penserais-tu pas que le mieux -au delà des 10, 20, 30, ou même 50 Euros- serait plutôt de se faire remarquer par les producteurs de la chanson ou leur assistants.

Moi, je pense que l'objectif est plutôt cela : se faire repérer.

Là question est de savoir si les producteurs prennent comme nous les transports en commun.

Moby